Trait d'union de Djaffar Messaoudi

Depuis que j’ai admis que le cœur est une pompe, je redoute qu’un jour je puisse admettre que le cerveau est un simple logiciel.
Pascal cachait « ses pensées » dans la doublure de son manteau. Comme tant d’autres, il était déjà un penseur clandestin.
Le vide, ce n’est pas ce qu’il y a autour de soi, c’est ce qu’il y a en soi, le plein aussi.
Parfois le fou n’est pas celui qui a perdu la raison mais celui qui a toutes les raisons de ne pas en avoir.
Sur les pierres tombales on écrit habituellement « ici repose ». On devrait écrire « ici se repose ».
Parce que la vie s’ouvre sur le problème, parce que la mort ne ferme pas le problème, si on suppose qu’il n’y a rien après la mort, le concept de vie serait pire que le concept de mort.
On dit que l’homme est un animal vertical, pourquoi ne dit-on pas de l’animal que c’est un homme horizontal. Pourtant il y a des hommes inhumains, il n’y a pas d’animal inanimal.
Je ne ris que de mes souvenirs, donc de mon passé. Celui qui rit de son présent me dépasse d’une longueur. Pour être en phase, je devrais rire de mon futur.
J’aurais été plus heureux si j’avais été médecin il y a un siècle, l’acte médical était plus humain. La technologie et l’argent ont déshumanisé la médecine et robotisé le médecin. Les pestiférés mourraient mieux que les sidéens. Je ne suis pas de mon époque.
L’acte de créer est un acte de déchiffrement mental, c’est une autopsie. Les artistes sont en général des personnes qui font jonction avec elles-mêmes, elles se ramassent pour ne pas s’éparpiller.
Le plus grand défaut de l’homme c’est sans doute le langage, la plupart des conflits ont pour origine un malentendu.
Il n’y a que la générosité de Dieu qui peut compenser l’ingratitude de l’homme.
L’homme ne naît ni bon ni mauvais, il naît avec un potentiel génétique, une carte de visite, il est donc prédestiné.
Les religions c’est comme la génétique, toute manipulation risque d’aboutir à des catastrophes.
Signes ostentatoires du pouvoir : Le bruit de bottes pour les militaires et le bruit de talons pour les femmes. Pour qu’il y ait la paix, il faudrait qu’on marchât tous pieds nus.
Les « ismes » sont la source de tous nos maux c’est une perversion conceptuelle. Idéologiques, ils sont sectaires et réducteurs. A l’époque où rien ne va, il s’en faut de peu pour que l’on dise « Amourismes »
Darwin avait raison : l’homme descend du singe mais il est descendu trop vite, tout fruit immature garde un goût d’amertume.
La poésie est comme l’énergie  nucléaire, entre les mains d’Oppenheimer ou entre celles de Truman.
Chevauchement des signes cabalistiques : Sur nos terrasses il y a autant de pneus suspendus. Signes des temps : Les premiers reçoivent publiquement des hallucinogènes, les seconds en émettent sournoisement. Nous sommes passés de Saint Augustin à Saint Pneu.
Tous les malheurs de Dieu proviennent de la prétention de l’homme et de son incohérence.
C’est au poulet qu’il faut demander si c’est bon le poulet rôti.
Ne pas confondre « Ijtihad » et détournement. Les religions c’est comme la génétique, toute manipulation risque d’aboutir à des catastrophes.
Prise entre le « Chikourismes » permanent du pouvoir et le « Haw-hawisme » intermittent de l’opposition, la société civile résiduelle, après avoir tourné en carré, le pays est tourné en bourrique.
Pourquoi suis-je donc si pressé, même mort, il me restera l’éternité.
Je suis fatigué de respirer par le cerveau, il faudra bien que je me mette à respirer par les narines comme la baleine ou le cachalot. Je te salue vieil océan !
Tous ces pédants et autres prétentieux qui sont arrivés au pouvoir, à la notoriété, à la richesse par intrusion, croient voir la Joconde, alors que dans leur rétine est sérieusement imprimée la tribu avec tout ce qu’elle a d’archaïque : Le triomphe des cadavres.
Cela fait vingt ans que je regarde pousser un frêne, il est toujours à moitié vert, donc à moitié vivant. Un agronome l’aurait certainement abattu. Je l’observe à travers la fenêtre de mon bureau en pensant peut-être que nous avons le même destin.
La médecine c’est un peu de science et beaucoup d’humanisme, ceci n’étant valable bien sûr que dans les sociétés non encore corrompues. La chaleur du coeur étant parfois plus lénifiante que la froideur de la technologie.
Pour réhabiliter la médecine et sauver le malade, il importe de remplacer la dictature des médecins mal traitants par la démocratie du médecin traitant. Il arrive au corporatisme de défendre l’indéfendable, méfiez-vous.
La plupart des médecins écrivent de façon illisible, ce qui est déjà une entorse à la déontologie. Dans l’imaginaire populaire, il s’agit là d’une marque d’érudition. En fait pour certains c’est une façon de camoufler leur ignorance et pour d’autres ça n’est ni plus ni moins que de la médecine au compteur : Gain de temps égal gain d’argent, souvent c’est les deux.
La propriété c’est le vol a dit Proudhon. Le vol étant l’une des grandes vertus de l’homme, le socialisme au sens de partage est une valeur étrangère au genre humain.
La première guerre du genre humain est le premier péché originel. La dernière guerre du genre humain nous ramènera au péché originel. Entre les deux c'est-à-dire le zéro et l’infini, il n’y a et il n’y aura que des guerres d’opposition c'est-à-dire des guerres inutiles, étant entendu que la terre restera toujours à la même place.
Une de mes patientes désespérait de mourir alors qu’elle était en mauvaise santé. Elle m’a demandé de la remonter avant le grand départ. Elle voulait mourir en bonne santé. Voilà une vraie croyante. Restitution ad intégrum.
Un médecin spécialiste en bas-ventrisme fit l’acquisition d’un véhicule neuf. Contre le mauvais œil il s’empresse de mettre un bouquet d’épines à l’arrière et un fer à cheval à l’avant. Passe pour le fétichisme mais quelle méchanceté !
Saint pneu ! Protégez-les. Un ustadh ayant fini de construire sa maison y mit un pneu sur la terrasse. Malin qu’il était il le plaça à l’angle de telle sorte qu’on le voit difficilement. A ma réflexion sur le sujet il me rétorqua que l’idée est de sa mère. Œdipe dictateur.
Une certaine poésie exprimée en vers libres ressemble à de la prose effritée. Elle est parfois sans signifiant et sans musicalité. La poésie doit remuer autant son créateur que son consommateur. C’est un séisme avec d’infinies répliques. Poètes vos papiers !
J’irai au Sahara pour l’ultime ablution. J’ai toujours pensé que la paix se lève au sud et se couche au nord. Après une cure de désintoxication idéologico matérialiste je redeviendrai minéral là où il n’y a pas de putréfaction.
Rien, n’être rien, n’être jamais, ni avant ni pendant ni après, le néant le néant du néant.
Il importe d’accélérer le processus d’évolution du genre humain, passer de l’homme singe à l’homme sage. Les pistes du pire sont impénétrables, celles du meilleur le sont moins.
Il existe deux types de pieds noirs, ceux qui sont là-bas et qui ont la nostalgie d’ici et ceux qui sont ici et qui ont la nostalgie de ceux de là-bas. Pour décoloniser les mentalités il suffit de se laver les pieds.
La lumière n’existe que parce que son absence implique l’obscurité. Souvent la solution précède le problème.
« Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine » Expression bien assimilée par Si Amer Ulkadi alias roi de Koukou. La règle a été si bien appliquée qu’il ne subsiste aucune trace de royaume.
Au siècle de la fulgurance scientifique et du mensonge politique, il me parait périlleux d’avoir une opinion définitive à moins d’arrêter le temps ou de consentir à ne plus y survivre. Les philosophes sont devenus des saltimbanques.
La mort et la folie étant deux maladies paradoxales, on en guérit de la première qu’une fois mort et de la seconde qu’une fois devenu fou.
S’il est vrai que la femme est l’avenir de l’homme, comment se fait-il que l’humanité soit dans une telle décomposition. A moins qu’elle n’ait due être son présent.
Entre la norme et l’A-norme j’ai toujours risqué mon équilibre. Il m’est souvent arrivé de chuter dans le précipice mais atterrissant toujours sur des airbags. Allah u Akbar ! Pour paraphraser Rimbaud j’ai joué des tours à la folie.
L’homme est un artefact cosmique, seuls les mort-nés sont sages.
La poésie est à la littérature ce que la chirurgie est à la médecine. Elle doit disséquer après que son auteur se soit lui-même disséqué. Je n’écris ni par plaisir ni pour le plaisir, j’écris parce que j’ai mal.
En apprenant la langue, l’homme a désappris la parole. De toutes les langues qui existent celles que j’apprécie le mieux sont celles que je ne comprends pas.
Si les conflits mondiaux sont de plus en plus démentiels, si la planète ressemble de plus en plus à un asile d’aliénés c’est que la plupart des dirigeants politico-militaro-businessman sont des oligophrènes.
Le monde judéo-chrétien a sacralisé deux événements et en a fait deux totems : La shoah et le onze septembre. Il n’y a jamais eu le massacre d’indiens ni la traite des noirs ni Hiroshima ni les crimes coloniaux. Amnésie quand tu nous gouvernes.
La médecine a été tellement avilie que poser un diagnostic est perçu par le profane non plus comme une preuve de compétence mais comme une preuve de divination. Il ne reste plus aux charlatans qu’à avoir pignon sur rue.
Vous rencontrez en chemin un homme entrain de creuser son trou avec ses dents : Si vous lui offrez vos dents c’est un acte de solidarité, si vous lui offrez un trou c’est un acte de générosité, si vous lui offrez une poche c’est un acte d’humanisme, si vous passez votre chemin c’est que vous avez cessé d’être un homme.
L’évolution d’un homme est une imposture, sa régression et sa dérive sont une réalité : Les guerres, toutes les guerres en sont une parfaite illustration. Avant je désespérais de moi-même, depuis la guerre contre l’Irak je désespère de l’humanité.
Le spectre Algérien des lumières : Tout est dans l’infrarouge, seul le peuple est ultra violet.
Depuis que certains médecins prennent leurs malades pour des proies, il serait d’une grande salubrité de créer en annexe de la faculté de médecine un institut de chasse. A bon entendeur salut !
Dans un pays où il y a plus de députés que de vespasiennes, il est évident que nous ne connaissons rien à l’urgence, à moins que nos origines bédouines ne soient plus fortes que nos velléités modernistes.
Djaffar Messaoudi

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