Pascal cachait « ses pensées » dans
la doublure de son manteau. Comme tant d’autres, il était déjà un penseur
clandestin.
Le vide, ce n’est pas ce qu’il y a autour de
soi, c’est ce qu’il y a en soi, le plein aussi.
Parfois le fou n’est pas celui qui a perdu la
raison mais celui qui a toutes les raisons de ne pas en avoir.
Sur les pierres tombales on écrit
habituellement « ici repose ». On devrait écrire « ici se
repose ».
Parce que la vie s’ouvre sur le problème,
parce que la mort ne ferme pas le problème, si on suppose qu’il n’y a rien
après la mort, le concept de vie serait pire que le concept de mort.
On dit que l’homme est un animal vertical,
pourquoi ne dit-on pas de l’animal que c’est un homme horizontal. Pourtant il y
a des hommes inhumains, il n’y a pas d’animal inanimal.
Je ne ris que de mes souvenirs, donc de mon
passé. Celui qui rit de son présent me dépasse d’une longueur. Pour être en
phase, je devrais rire de mon futur.
J’aurais été plus heureux si j’avais été
médecin il y a un siècle, l’acte médical était plus humain. La technologie et
l’argent ont déshumanisé la médecine et robotisé le médecin. Les pestiférés
mourraient mieux que les sidéens. Je ne suis pas de mon époque.
L’acte de créer est un acte de déchiffrement
mental, c’est une autopsie. Les artistes sont en général des personnes qui font
jonction avec elles-mêmes, elles se ramassent pour ne pas s’éparpiller.
Le plus grand défaut de l’homme c’est sans
doute le langage, la plupart des conflits ont pour origine un malentendu.
Il n’y a que la générosité de Dieu qui peut
compenser l’ingratitude de l’homme.
L’homme ne naît ni bon ni mauvais, il naît
avec un potentiel génétique, une carte de visite, il est donc prédestiné.
Les religions c’est comme la génétique, toute
manipulation risque d’aboutir à des catastrophes.
Signes ostentatoires du pouvoir : Le
bruit de bottes pour les militaires et le bruit de talons pour les femmes. Pour
qu’il y ait la paix, il faudrait qu’on marchât tous pieds nus.
Les « ismes » sont la source de
tous nos maux c’est une perversion conceptuelle. Idéologiques, ils sont
sectaires et réducteurs. A l’époque où rien ne va, il s’en faut de peu pour que
l’on dise « Amourismes »
Darwin avait raison : l’homme descend du
singe mais il est descendu trop vite, tout fruit immature garde un goût
d’amertume.
La poésie est comme l’énergie nucléaire, entre les mains d’Oppenheimer ou
entre celles de Truman.
Chevauchement des signes cabalistiques :
Sur nos terrasses il y a autant de pneus suspendus. Signes des temps : Les
premiers reçoivent publiquement des hallucinogènes, les seconds en émettent
sournoisement. Nous sommes passés de Saint Augustin à Saint Pneu.
Tous les malheurs de Dieu proviennent de la
prétention de l’homme et de son incohérence.
C’est au poulet qu’il faut demander si c’est
bon le poulet rôti.
Ne pas confondre « Ijtihad » et
détournement. Les religions c’est comme la génétique, toute manipulation risque
d’aboutir à des catastrophes.
Prise entre le « Chikourismes »
permanent du pouvoir et le « Haw-hawisme » intermittent de
l’opposition, la société civile résiduelle, après avoir tourné en carré, le
pays est tourné en bourrique.
Pourquoi suis-je donc si pressé, même mort,
il me restera l’éternité.
Je suis fatigué de respirer par le cerveau,
il faudra bien que je me mette à respirer par les narines comme la baleine ou
le cachalot. Je te salue vieil océan !
Tous ces pédants et autres prétentieux qui
sont arrivés au pouvoir, à la notoriété, à la richesse par intrusion, croient
voir la Joconde,
alors que dans leur rétine est sérieusement imprimée la tribu avec tout ce
qu’elle a d’archaïque : Le triomphe des cadavres.
Cela fait vingt ans que je regarde pousser un
frêne, il est toujours à moitié vert, donc à moitié vivant. Un agronome
l’aurait certainement abattu. Je l’observe à travers la fenêtre de mon bureau
en pensant peut-être que nous avons le même destin.
La médecine c’est un peu de science et
beaucoup d’humanisme, ceci n’étant valable bien sûr que dans les sociétés non
encore corrompues. La chaleur du coeur étant parfois plus lénifiante que la
froideur de la technologie.
Pour réhabiliter la médecine et sauver le
malade, il importe de remplacer la dictature des médecins mal traitants par la
démocratie du médecin traitant. Il arrive au corporatisme de défendre l’indéfendable,
méfiez-vous.
La plupart des médecins écrivent de façon
illisible, ce qui est déjà une entorse à la déontologie. Dans l’imaginaire populaire,
il s’agit là d’une marque d’érudition. En fait pour certains c’est une façon de
camoufler leur ignorance et pour d’autres ça n’est ni plus ni moins que de la
médecine au compteur : Gain de temps égal gain d’argent, souvent c’est les
deux.
La propriété c’est le vol a dit Proudhon. Le
vol étant l’une des grandes vertus de l’homme, le socialisme au sens de partage
est une valeur étrangère au genre humain.
La première guerre du genre humain est le
premier péché originel. La dernière guerre du genre humain nous ramènera au
péché originel. Entre les deux c'est-à-dire le zéro et l’infini, il n’y a et il
n’y aura que des guerres d’opposition c'est-à-dire des guerres inutiles, étant
entendu que la terre restera toujours à la même place.
Une de mes patientes désespérait de mourir
alors qu’elle était en mauvaise santé. Elle m’a demandé de la remonter avant le
grand départ. Elle voulait mourir en bonne santé. Voilà une vraie croyante.
Restitution ad intégrum.
Un médecin spécialiste en bas-ventrisme fit
l’acquisition d’un véhicule neuf. Contre le mauvais œil il s’empresse de mettre
un bouquet d’épines à l’arrière et un fer à cheval à l’avant. Passe pour le
fétichisme mais quelle méchanceté !
Saint pneu ! Protégez-les. Un ustadh
ayant fini de construire sa maison y mit un pneu sur la terrasse. Malin qu’il
était il le plaça à l’angle de telle sorte qu’on le voit difficilement. A ma
réflexion sur le sujet il me rétorqua que l’idée est de sa mère. Œdipe
dictateur.
Une certaine poésie exprimée en vers libres
ressemble à de la prose effritée. Elle est parfois sans signifiant et sans
musicalité. La poésie doit remuer autant son créateur que son consommateur.
C’est un séisme avec d’infinies répliques. Poètes vos papiers !
J’irai au Sahara pour l’ultime ablution. J’ai
toujours pensé que la paix se lève au sud et se couche au nord. Après une cure
de désintoxication idéologico matérialiste je redeviendrai minéral là où il n’y
a pas de putréfaction.
Rien, n’être rien, n’être jamais, ni avant ni
pendant ni après, le néant le néant du néant.
Il importe d’accélérer le processus
d’évolution du genre humain, passer de l’homme singe à l’homme sage. Les pistes
du pire sont impénétrables, celles du meilleur le sont moins.
Il existe deux types de pieds noirs, ceux qui
sont là-bas et qui ont la nostalgie d’ici et ceux qui sont ici et qui ont la
nostalgie de ceux de là-bas. Pour décoloniser les mentalités il suffit de se
laver les pieds.
La lumière n’existe que parce que son absence
implique l’obscurité. Souvent la solution précède le problème.
« Comme un éléphant dans un magasin de
porcelaine » Expression bien assimilée par Si Amer Ulkadi alias roi de
Koukou. La règle a été si bien appliquée qu’il ne subsiste aucune trace de
royaume.
Au siècle de la fulgurance scientifique et du
mensonge politique, il me parait périlleux d’avoir une opinion définitive à
moins d’arrêter le temps ou de consentir à ne plus y survivre. Les philosophes
sont devenus des saltimbanques.
La mort et la folie étant deux maladies
paradoxales, on en guérit de la première qu’une fois mort et de la seconde
qu’une fois devenu fou.
S’il est vrai que la femme est l’avenir de
l’homme, comment se fait-il que l’humanité soit dans une telle décomposition. A
moins qu’elle n’ait due être son présent.
Entre la norme et l’A-norme j’ai toujours
risqué mon équilibre. Il m’est souvent arrivé de chuter dans le précipice mais
atterrissant toujours sur des airbags. Allah u Akbar ! Pour paraphraser
Rimbaud j’ai joué des tours à la folie.
L’homme est un artefact cosmique, seuls les
mort-nés sont sages.
La poésie est à la littérature ce que la
chirurgie est à la médecine. Elle doit disséquer après que son auteur se soit
lui-même disséqué. Je n’écris ni par plaisir ni pour le plaisir, j’écris parce
que j’ai mal.
En apprenant la langue, l’homme a désappris
la parole. De toutes les langues qui existent celles que j’apprécie le mieux
sont celles que je ne comprends pas.
Si les conflits mondiaux sont de plus en plus
démentiels, si la planète ressemble de plus en plus à un asile d’aliénés c’est
que la plupart des dirigeants politico-militaro-businessman sont des
oligophrènes.
Le monde judéo-chrétien a sacralisé deux
événements et en a fait deux totems : La shoah et le onze septembre. Il
n’y a jamais eu le massacre d’indiens ni la traite des noirs ni Hiroshima ni
les crimes coloniaux. Amnésie quand tu nous gouvernes.
La médecine a été tellement avilie que poser
un diagnostic est perçu par le profane non plus comme une preuve de compétence mais
comme une preuve de divination. Il ne reste plus aux charlatans qu’à avoir
pignon sur rue.
Vous rencontrez en chemin un homme entrain de
creuser son trou avec ses dents : Si vous lui offrez vos dents c’est un
acte de solidarité, si vous lui offrez un trou c’est un acte de générosité, si
vous lui offrez une poche c’est un acte d’humanisme, si vous passez votre
chemin c’est que vous avez cessé d’être un homme.
L’évolution d’un homme est une imposture, sa
régression et sa dérive sont une réalité : Les guerres, toutes les guerres
en sont une parfaite illustration. Avant je désespérais de moi-même, depuis la
guerre contre l’Irak je désespère de l’humanité.
Le spectre Algérien des lumières : Tout
est dans l’infrarouge, seul le peuple est ultra violet.
Depuis que certains médecins prennent leurs
malades pour des proies, il serait d’une grande salubrité de créer en annexe de
la faculté de médecine un institut de chasse. A bon entendeur salut !
Dans un pays où il y a plus de députés que de
vespasiennes, il est évident que nous ne connaissons rien à l’urgence, à moins
que nos origines bédouines ne soient plus fortes que nos velléités modernistes.
Djaffar Messaoudi
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