mercredi 5 mai 2010

Visions

Quand je vois mon soleil me faire un bras d’honneur
Quand je le supplie pour comprendre ma peine
Il me nargue arrogant sans même m’indiquer l’heure
Qui me dit que ma coupe est hélas trop pleine

Je vois le monde un peu comme un vulgaire crachat
Dans la bouche d’un Dieu irrité et déçu
Par l’insolence de l’homme qui renia le rachat
Après avoir perdu l’Eden qu’il a reçu

Je vois le monde un peu comme une mer de larmes
Où se brise mon élan quand il veut accoucher
De l’ultime solitude qui habite mon âme
Appelant au secours pour s’en détacher

Je vois le monde un peu comme on voit une peinture
Dessinée par un maître lucide mais insouciant
Comme des pages blanches à la belle reliure
Qui cache ce que l’esprit peut y mettre dedans

Je vois le monde un peu comme une vaste prairie
Où paissent les troupeaux à l’œil ostentatoire
Quand repus ils beuglent, le berger renchérit
Car il sait que demain ils vont à l’abattoir

Je vois le monde un peu comme on voit une horloge
Que tu crois remonter selon ton méridien
Tu penses être à l’Est quand ton Soleil se loge
A l’Ouest te rappelle ton immanent destin

Je vois le monde un peu comme on voit l’incongru
Un immense théâtre où s’affrontent les ombres
Où le silence atroce se dispute le bruit
Que font les cataclysmes en face des décombres

Ainsi le monde est fait de visions léthargiques
Ne perçoit le réel que l’œil perspicace
Tu peux t’abstenir des visions faméliques
Pour ne voir que ce qui te regarde en face

Je vois ma solitude enrober ma douleur
Dans cette cicatrice je vois la signature
Du temps fractionné qui donne des sueurs
Au présent qui s’affronte avec le futur

Je vois le monde un peu comme s’il est derrière moi
Avec le souvenir de l’avoir déjà vu
Je m’étonne d’y être et me surprend parfois
A résoudre l’équation dont je suis l’inconnue

Je vois le monde un peu comme je vois mon pays
Déchiré dans l’horreur perdu dans l’anathème
Si les hommes sont fous Dieu peut-être a failli
Je te parle Rimbaud je m’écoute moi-même.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire